October 2025, Comité Colbert

Rendez-vous avec Laurence Semichon, Directrice exécutive de la maison Diptyque 

“ L’ADN Diptyque apporte une vision artistique et poétique du monde”

La maison française s’illustre plus que jamais par sa vitalité créative. Inauguration de nouvelles maisons, lancement d’une fondation, entrée au Comité Colbert… Le point sur les principaux axes de son développement.

Votre maison connaît un important dynamisme, comme en atteste son développement à l’étranger, l’ouverture de nouvelles boutiques, l’enrichissement de ses différentes lignes. Pouvez-vous nous présenter plus précisément cette stratégie d’expansion ?
Diptyque se développe en continu depuis sa création en 1961 mais nous avons largement amplifié le mouvement depuis une quinzaine d’années, en termes de gamme, de distribution et d’audience. Nous enrichissons régulièrement l’ensemble de nos lignes et avons également intensifié notre présence à l’international. La maison est implantée dans 56 pays, avec 1200 points de vente et 150 boutiques en propre. Notre présence se veut très équilibrée avec 25% en Amérique du Nord et autant en Europe, en Grande Chine et dans le reste de l’Asie. Nous poursuivons, dans chaque pays, un dialogue particulier avec notre communauté. En septembre dernier, nous avons, par exemple, imaginé un pop-up « Un Air de Paris » à Shanghai, pour proposer à nos clients une expérience très sensorielle, très immersive. Une démarche à laquelle nos clients chinois sont très sensibles, et qui fait partie de l’ADN de la maison.

Comment définissez-vous, justement, l’ADN Diptyque, et quelles sont vos créations les plus emblématiques ?
Notre ADN est inscrit dans notre histoire. Pour Diptyque, tout commence par une rencontre, celle de trois artistes -architecte, peintre et acteur de théâtre-, qui ont eu un vrai coup de foudre amical et ont décidé de créer un lieu qui leur ressemble. Un concept-store avant l’heure, entre appartement et bazar chic, qu’ils ont rempli d’objets coups de cœur chinés aux quatre coins du monde. Ils avaient un goût, et un œil. Le succès a été rapide, d’autant qu’ils ont eu l’idée d’ajouter quelques gouttes de parfum dans leurs bougies. L’idée était totalement neuve, et l’engouement total. Ils ont imaginé eux-mêmes l’étiquette de leurs premières bougies parfumées avec l’ovale qui fait, aujourd’hui encore, leur identité.

L’ADN Diptyque est donc là, dans cette vision artistique et poétique du monde qui passe par les senteurs, les dessins et les peintures qui enrichissaient leurs bougies et parfums. Ces créations structurent encore la maison qui se déploie autour de deux axes stratégiques. D’un côté, la parfumerie d’intérieur avec notre emblématique bougie « modèle classique » créée en 1963, mais aussi une multitude de modes de diffusion des fragrances et différents types de sillage. De l’autre, le parfum pour soi – un univers qui s’est énormément développé ces dernières années avec une trentaine de senteurs en version eau de parfum et/ou eau de toilette – et des produits emblématiques comme Fleur de peau ou l’Eau des Sens. Parallèlement à ces deux piliers, la Maison développe l’univers du bien-être avec une collection de soins pour le corps qui connaît un énorme succès au Japon. Dernier secteur enfin, celui de la décoration qui nous permet de développer un lifestyle Diptyque global et cohérent, clin d’œil aux débuts de la maison.

La production de vos pots en céramique est réalisée dans les ateliers de Porcelaine du Lot Virebent, créés en 1924 à Puy l’Evêque, dans le Sud de la France. La plupart des bougies sont fabriquées dans la manufacture de Carnoux, dans les Bouches-du-Rhône. Quelle est la part du Made in France et du Made in Europe dans les créations de la Maison ?
95% de nos produits sont fabriqués en Europe. Tout aussi important, 90% de nos composants sont également européens et 65% français. Ce choix, pleinement revendiqué, correspond à une exigence de qualité, à notre souhait de soutenir l’écosystème français et de limiter notre empreinte environnementale. Vous le soulignez, nos pots en céramique sont fabriqués dans le sud de la France, nos bougies près de Marseille et nous sommes fiers de réunir, parmi nos fournisseurs, 17 entreprises du patrimoine vivant. Cette démarche participe pleinement à l’excellence et à l’identité de la maison.

Très attachée à cette excellence des artisans français, vous venez de rejoindre le Comité Colbert. Pourquoi ce choix et comment comptez-vous vous investir au sein du Comité ?
Nous sommes très fiers d’avoir rejoint le comité Colbert, très fiers d’avoir eu l’approbation de ses membres, qui consacre la recherche d’excellence de Diptyque. Nous avons l’intention de nous impliquer dans différentes commissions pour contribuer à valoriser les savoirs faire français. L’esprit insufflé aujourd’hui au Comité est très intéressant car il fait la part belle à l’héritage mais il est également tourné vers des sujets d’innovation. Certaines commissions sont dédiées à des thématiques prospectives et j’espère que Diptyque, avec sa vision singulière du monde et son regard d’artiste, contribuera à imaginer des futurs, des voies de progrès pour promouvoir l’art de vivre français, et le faire grandir.

Vous avez inauguré, en 2024, une Maison Diptyque, à Londres et à Paris. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Nous avons ouvert ces deux maisons au même moment – rue Duphot à Paris et sur New Bond Street à Londres. L’idée est, une fois encore, d’offrir un espace de liberté, d’inspiration et d’expérience à nos clients. Une partie est dédiée à des expositions temporaires qui mettent en scène les collaborations avec nos amis artistes, comme cette dernière en date « Promenade au cœur d’un verger de sculptures ». Une installation végétale et artistique qui célèbre les pots emblématiques de nos bougies, en mettant l’accent sur leur réemploi possible, avec des pièces qui se superposent et s’élèvent comme des totems. Un autre espace est dédié à des rencontres avec nos clients, sous forme d’ateliers ou à des conférences comme celle, toute récente, emmenée par le grand parfumeur Fabrice Pellegrin qui a dévoilé l’ensemble des processus qui conduisent à la création d’un parfum. Enfin, la galerie Héritage réunit des pièces d’archives qui permettent au client de découvrir l’histoire de la maison.

Vous avez également choisi de lancer au printemps dernier la Fondation Diptyque. Quelle est sa raison d’être, et comment pensez-vous ses missions ?
Nous avons la chance de connaître le succès et nous avons eu envie de rendre une part de ce qui nous est donné en mettant en lumière “l’esprit Diptyque”, à savoir la rencontre entre l’art et la nature. La mission de la Fondation est très claire, aider à préserver et donner à aimer la nature à travers le beau. La Fondation est mécène bâtisseur de l’Ecole Supérieure du Jardin et soutient la création d’une nouvelle filière qui fait revivre la formation de Maître Jardinier, qui avait disparu. Elle accompagne la numérisation d’une partie des herbiers du Musée d’Histoire Naturelle de Paris (parmi les plus riches au monde) afin de sauvegarder ce patrimoine d’exception. La Fondation est également mécène des jardins de la Villa Médicis et de son patrimoine paysager qui fait dialoguer art et nature, ou encore des sublimes jardins des Serres de la Madone de la ville de Menton. Enfin, nous travaillons à différents projets de reconnexion du public à la nature, notamment avec les jeunes générations.

Revenons à la Maison Diptyque, quels sont vos projets pour l’année 2026 ?
Nous prévoyons un léger relifting de notre Bougie Classique, pour renforcer son côté contemporain sans, bien sûr, trahir cet emblème de la maison. Par ailleurs, nous travaillons à l’ouverture très stratégique de deux nouvelles adresses.  La première à Tokyo, dans le quartier d’Omotesando, qui deviendra notre plus grand magasin au Japon. La seconde sera inaugurée à Hong-Kong sur la très prestigieuse Hollywood Road. Ancrés dans la culture et la vie locale, ces deux espaces donneront également à voir tous les éléments du lifestyle Diptyque, qui séduit tout particulièrement l’Asie.

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