Luxe et technologie – L’intelligence artificielle : la révolution discrète
Le 10 septembre, Bain & Company a présenté aux membres du Comité Colbert les résultats du 3ème opus de leur étude conjointe Luxe et Technologie sur le thème l’intelligence artificielle : la révolution discrète.
Une révolution en cours dans l’adoption de l’IA, sur l’ensemble de la chaîne de valeur du luxe et pour toutes les Maisons.
Le rapport révèle que l’adoption des solutions d’intelligence artificielle, initiée avec l’IA analytique il y a plus de 5 ans, amorce un démarrage prometteur : à ce jour, les Maisons de Luxe ont adopté près de deux cas d’usage parmi les vingt testés dans l’étude. Une forte accélération s’annonce par ailleurs pour les 12 à 24 prochains mois : en effet, chaque Maison teste ou planifie actuellement plus de cinq cas d’usage supplémentaires en moyenne.
Si les grandes Maisons ont aujourd’hui une longueur d’avance sur le déploiement effectif de l’IA, avec trois fois plus de cas d’usage adoptés que les plus petites, l’écart devrait se réduire à l’avenir : petites et grandes Maisons testent un nombre équivalent d’applications pour le futur.
Pour Mathilde Haemmerlé, Associée chez Bain & Company, responsable du pôle Luxe en France, et co-auteur de l’étude, « il existe une véritable prise de conscience du potentiel de l’IA au sein des Maisons du luxe. L’arrivée de l’IA générative notamment, plus accessible et moins coûteuse que l’IA analytique, devrait permettre aux petites Maisons de combler une partie de leur retard sur les plus grandes. »
Quatre domaines d’application principaux pour l’intelligence artificielle, avec des niveaux de maturité différents.
- L’efficience opérationnelle : c’est le domaine dans lequel l’IA analytique a réalisé les plus importantes avancées, notamment pour optimiser les prévisions de volumes de vente (26 % des Maisons ont déjà adopté une telle solution,
34 % la testent) ou allouer les stocks entre boutiques (23 % d’adoption, 27 % de tests). - Une intimité accrue avec le client : en complément du perfectionnement des outils de clienteling (22 % d’adoption, 24 % de tests) jusqu’à présent fondés sur l’IA analytique, l’IA générative ouvre de nouveaux horizons pour une personnalisation encore plus poussée des interactions clients au travers des canaux.
- « L’augmentation » des collaborateurs : encore peu adoptés, les outils de gestion de connaissances (4 % d’adoption, 49 % de tests) devraient à terme rejoindre le peloton de tête des cas d’usage d’IA, afin de libérer du temps aux collaborateurs au profit de tâches à plus forte valeur ajoutée ou d’assurer une formation à l’héritage et savoir-faire de leur Maison.
- L’enrichissement de la fonction créative : c’est le terrain le plus sensible, sur lequel la légitimité de l’IA générative est sérieusement débattue ; 72 % des répondants sont opposés à l’intégration d’outils basés sur l’IA dans cette fonction, pour ne pas dénaturer l’essence même du luxe. Certaines Maisons s’autorisent toutefois à explorer des applications sur des champs bien délimités, tels l’enrichissement du processus d’inspiration ou l’accélération de la visualisation des prototypes.
Des perspectives prometteuses, à déployer avec discrétion dans un marché synonyme d’authenticité, de rareté et de savoir-faire d’exception.
Pour Bénédicte Épinay, Déléguée générale du Comité Colbert, « en associant la tradition et l’innovation, le raffinement et la technologie, l’authentique et l’artificiel, la rencontre du luxe et de l’intelligence artificielle ouvre la voie à de nouvelles possibilités fascinantes, où l’excellence artisanale rencontre l’avant-garde numérique pour une révolution discrète. »
Joëlle de Montgolfier, Directrice mondiale du pôle Etude et Recherche pour la Distribution, la Grande Consommation et le Luxe chez Bain & Company, co-auteur de l’étude, conclut : « si les Maisons de luxe choisissent de faire de l’intelligence artificielle une de leurs priorités stratégiques, elles devront être attentives à mettre en place les conditions requises pour que leur stratégie soit réellement créatrice de valeur, à savoir moderniser leurs infrastructures technologiques, enrichir leurs compétences de gestion des données non structurées et accompagner leurs équipes pour assurer l’acceptation et l’appropriation des outils d’IA. »
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